La Fabrique Culturelle

Corolles radicantes: la beauté qui fleurit autrement

Les photos de Sarah Seené

Dans un petit laboratoire de photographie argentique isolé qui est aménagé au Cégep de Rivière-du-Loup, la photographe Sarah Seené travaille minutieusement les pellicules 35 mm de son projet sur les femmes amputées intitulé Corolles radicantes

«Corolles» désigne l’ensemble des pétales d’une fleur, tandis que «radicantes» provient du latin radicari, qui signifie «prendre racine» ou encore «pousser des racines». 

La série de photographies de Sarah Seené brosse le portrait de quatre femmes amputées soit par un accident de la route, soit par un accident domestique, soit par la maladie. Ce sont elles qui forment les corolles, et ce sont ces femmes qui refont leurs racines pour fleurir autrement. Malgré les embûches, malgré les douleurs fantômes et malgré le regard social qui pèse sur elles, parfois. 

Alors que l’inconscient collectif associe davantage les amputations aux hommes qui ont vécu la guerre, quand il est question d’amputations chez les femmes, les gens pensent spontanément à la mastectomie. Toutefois, il peut en être bien autrement. Sarah Seené souhaite rendre grâce à la puissance de ces femmes en posant un regard doux et poétique sur leur corps à travers la lentille de sa caméra.  

Telle une sorcière des temps modernes, elle plonge ses pellicules photo dans un récipient contenant des liquides du quotidien, comme du cola, de la crème irlandaise ou des produits d’hygiène féminine.  

C’est dans ces film soups — un terme utilisé en anglais pour désigner une technique de modification du rendu d’un film en le faisant tremper pendant un certain temps, avant ou après une séance photo, dans des substances chimiques — que la magie opère, en altérant l’émulsion filmique qui génère des couleurs et des textures aléatoires. Le hasard, l’absence de contrôle et le risque font partie du processus artistique qui cause des «accidents» et entraîne des risques de perte sur la pellicule. 

À l’image de ses pellicules, la photographe elle-même, dans le cadre de sa résidence de recherche et de création, est analysée dans son processus de développement par certains membres des départements de science et de sociologie. Son comportement social, qui se modifie également au fil de ses interactions, est scruté au peigne fin. Le tout sera présenté à l'occasion d’une exposition au Musée du Bas-Saint-Laurent qui aura lieu en octobre 2024.

 

Crédits

Télé-Québec Bas-Saint-Laurent 

Réalisateur, caméraman et monteur: William Bastille-Denis 

Technicienne de production: Elisabeth Tittley 

Coordonnatrice régionale: Sophie Roch 

 

Œuvres  

Série de photos Corolles radicantes: Sarah Seené 

 

Remerciements  

À Emylou, pour sa chaleureuse collaboration, et à ses parents, pour leur ouverture à sa participation. 

 

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